“Jeudi 31 août 2023, Fabrice Pannekoucke se rendait sur l’exploitation de lapins de Damien Munéry (Rageade) pour annoncer un soutien de 1,4 millions d’euros à la filière cunicole.
Fragilisée par plusieurs facteurs économiques et sociétaux, la filière cunicole (élevage de lapins), bénéficie du deuxième plan régional de soutien et la signature de ce jeudi 31 août annonçait 1,4 millions d’euros d’aides sur 5 ans.
La filière a l’avantage d’être structurée mais reste une petite filière. Ce soutien a été co-construit, selon les besoins et les thématiques qui répondent aux problématiques de notre région » , rappelait Nicolas Bardy, président de l’interprofession cunicole en région.
L’aide à l’installation
Le gros des éleveurs est concentré sur la région Auvergne Rhône Alpes, d’où l’importance du plan de filière régional. « La baisse de production met la filière en péril. Il y a bien quelques projets à l’échelle de la Région, mais il y a la place pour en installer d’autres. C’est aussi un des axes du plan : l’accompagnement à l’installation » , indiquait Bruno Faure, président du Conseil départemental.
Volet sanitaire et repeuplement
Le plan va aider la filière sur plusieurs points : « Il faut savoir que les lapins sont particulièrement sensibles aux problèmes sanitaires. Il faut accompagner les éleveurs vers la prévention, notamment par une couverture vaccinale totale de leur élevage. Il est aussi nécessaire d’accompagner les éleveurs dans le repeuplement, au cas où une épidémie de VHD (maladie virale hémorragique) revienne. Et un élevage vacciné repart beaucoup plus vite et c’est là qu’on voit l’intérêt économique de la vaccination » , insistait le président de l’interprofession.
1,4 million d’euros sur la table
Réunis sur l’exploitation de Damien Munéry, éleveur de lapins à Rageade, la signature du plan de soutien s’est ensuite déroulée à l’auberge de l’Allagnonette à Saint-Poncy. Le budget régional de 1,4 millions d’euros sur 5 ans servira aux 40 éleveurs de la Région, dont 5 dans le Cantal.
La filière est soutenue par le plan régional et les dispositifs FEADER. Pour rappel, l’enveloppe globale annoncée par Laurent Wauquiez au dernier sommet de l’élevage est de 17 millions d’euros pour toutes les filières animales et végétales.
Les enjeux
Trois enjeux majeurs ont été soulignés par Fabrice Pannekoucke, vice-président de Région délégué à l’agriculture et aux espaces valléens : Maintenir le potentiel de production, faire face à la baisse de consommation, et adapter les systèmes de production face au changement climatique et aux fluctuations des marchés.
Une exploitation exemplaire
5 éleveurs subsistent dans le Cantal, ils étaient 30 en 1990. Damien Munéry est un nouvel éleveur cantalien. Installée en juillet 2020, la mise en route du bâtiment en juillet 2021 lui permet aujourd’hui de vivre de son activité. « Mon bâtiment abrite 600 mères, ce qui fait 4 500 lapins à l’engraissement » .
Et quand on lui demande pourquoi l’élevage de lapins, il répond que deux facteurs l’ont décidé : d’abord la difficulté de trouver du terrain dans la région l’a poussé à exploiter les 2,5 hectares familiaux, suffisant pour un élevage de lapins. « Et puis j’ai constaté une forte demande des abattoirs, c’est pourquoi je me suis installé dans ce contexte-là » .
Le bâtiment
La filière a pu être mal appréhendée par le passé. Aujourd’hui, si le système « cages » n’a pas pu être abandonné complètement, c’est parce-que les mères doivent restées protégées. « C’est techniquement impossible de les sortir de la cage individuelle puisque par nature le lapin n’est pas un animal sociable et en terme de bien-être animal, si on laisse faire les hiérarchies, on en est loin! » . Par contre pour ce qui est de l’engraissement, la tendance est au développement du parc, avec des animaux élevés sur des Caillebottis.
450 000 euros d’investissement
Damien Munéry a dépensé 450 000 euros pour son bâtiment. Il a pu économiser 50 000 euros de main d’œuvre en mettant la main à la patte. « Pour mon installation, j’ai bénéficié d’aides autour de 120 000 euros, j’ai contracté un emprunt sur une durée d’amortissement de 15 ans, un contrat avec l’abattoir Ribot dans le Vaucluse de 7 ans avec une plus value de 20% sur le prix de base vu que mes lapins sont élevés en parc alternatif » .
Bienvenue à tous les projets
Pour finir, le président de la Chambre d’agriculture du Cantal Patrick Escure, d’appeler de ses vœux que ce nouveau mode d’élevage, respectueux de l’animal mais aussi de l’éleveur, fasse des émules.
« Nous avons besoin de tous les porteurs et de tous types de projets. On a besoin d’emplois dans le monde rural, chacun doit le faire selon ses propres affinités avec les animaux. Et nous accompagnerons tous les projets, il faut que nous arrivions à fixer de la main d’œuvre dans notre territoire et le lapin est une excellente idée pour se lancer » . “